Creuser l’écart

Creuser l’écart

Maintenant que je me sens à l’aise dans ma diet, je ne ressens aucun manque, tout va bien, c’est le bon moment pour aller un peu plus loin.

Il est midi passé, je ne sais pas encore ce que je vais manger, et j’ai plusieurs solutions. Soit j’assouvis mon envie de frites des jours précédents, soit je tente un gros plaisir avec une pizza, soit je fais un repas plus soft.

Et là, quitte à manger sain et léger (la troisième solution), pourquoi ne pas carrément creuser l’écart sur plusieurs jours? Pas seulement un repas, mais une série de repas à la fois bons et légers?

C’est le défi: décider maintenant, jeudi à midi, des repas des 5 prochains jours en excluant pizza, burger et compagnie. Je reporte mes envies à la semaine prochaine.

Au lieu de retomber dans la routine de la tentation quotidienne, mettre en place un programme de plusieurs jours en bannissant les deux ou trois trucs hyper caloriques qui m’auraient fait plaisir, mais qui vont clairement à l’encontre de mon projet, ça me tente bien. Ce n’est plus le ventre qui parle, là, mais le cerveau. Le stratège.

Au lieu de me priver chaque jour de mes repas préférés, je décide maintenant pour toute la semaine qu’ils sont exclus du programme. Je renonce une fois pour une semaine. C’est un effort, bien sûr, mais je sais qu’une fois décidé, la question sera résolue et je n’aurai pas l’impression désagréable de me sanctionner cinq ou sept fois.

Pourquoi s’astreindre à se poser la même question chaque jour, avec l’illusion de choix, alors que je sais très bien que je n’ai pas vraiment le choix, en fait? Si je veux aller mieux, pas de pizza ni frites ni burger extra large, point. Pas tous les jours, en tous cas.

Et même plus loin, je suis en train de me dire, fais l’effort une semaine, et comme récompense, tu auras droit à ton burger la semaine prochaine. Comme si c’était important, une fin en soi. Alors que la vraie récompense, je le réalise, ce n’est pas un repas gras, salé, hyper calorique. Ma récompense, ce sera d’être mieux dans mon corps et de constater le résultat de mes efforts sur la balance. La fin en soi, ce n’est pas le burger, mais la santé.

Il faut vraiment que je revoies mon système de valeurs. Car même si je fais tout ça, que je mérite ma pizza à la fin de la semaine, qu’est-ce que ça m’apportera, finalement? Ce ne sera qu’une pizza, bien vite consommée, je ne serai pas plus heureux après. Vu d’ici, je me dis que c’est idiot de concevoir cette pizza comme une victoire en soi.

Ce que je retire de toute cette réflexion, c’est que cette envie de pizza est une simple manifestation d’une addiction passée, issue d’une confusion entre alimentation et plaisir. Et en résistant un peu, je réalise que c’est une illusion de bonheur. Je n’en ai pas besoin du tout. Et plus je réfléchis, plus je réalise que je n’en veux même pas, au fond, car ce n’est pas dans mon intérêt.

Le jour où je déciderai de manger une pizza, ce sera juste un repas comme un autre, pas une récompense ou une fête. J’y renonce aujourd’hui et pour quelques jours en conscience, car j’ai vraiment envie d’aller mieux et pour ça, ce dont j’ai besoin actuellement, c’est de bien manger. Il faut être clair.

Je reformule donc la question initiale. Que puis-je manger ce midi, qui me plaît et correspond à mes objectifs? Un repas complet, bon et équilibré. Je vais aller investiguer en cuisine et prévoir le reste de la semaine, car il est exclu que je me repose cette question chaque jour. Il faut optimiser et avancer un peu plus vite.