L’étrange retour des tentations

L’étrange retour des tentations

Ce mercredi soir, à la sortie d’une longue séance de cinéma dans un quartier où je viens depuis des années, j’ai été tenté de reprendre une habitude: me poser pour dîner. J’en avais envie, d’une certaine façon, mais j’ai senti que quelque chose avait changé. Tout mon corps n’était pas d’accord.

D’un côté, j’avais envie de croquer dans un burger de fast food, pour le goût, pour la texture. J’en avais même l’eau à la bouche.

Mais en passant devant le fast food qui le tendait les bras, impossible d’y entrer. Je suis resté devant avec mon envie et il était évident que c’était, certes, possible et rapide, mais uniquement virtuel. Ça n’avait strictement aucun sens.

Je n’avais aucune envie réelle de me poser, de perdre du temps, mais plutôt envie de rentrer chez moi et d’écrire, de lire (je repense au livre numérique que j’ai acheté il y a deux jours et que je n’ai toujours pas ouvert). C’était un mélange très étrange. À la fois tenté par l’idée, mais absolument pas prêt physiquement à son application. Littéralement partagé entre ma tête et mes jambes, qui veulent aller dans deux directions différentes.

Et là, fermement, j’ai tranché. J’ai conclu que cette envie pouvait attendre demain midi, voire plus tard. Aucune urgence, aucune envie réelle, aucun besoin physiologique, bien dans ma peau et sans faim ou fringale, juste le réflexe conditionné dans ce quartier après une séance de cinéma de passer à ce fast food, comme je l’avais fait plusieurs fois avant, un moment auquel j’avais déjà pensé avant la séance, mais concrètement aucune envie pratique de manger ce burger. Un écho du passé, probablement un bon souvenir, qui n’a plus de sens dans le présent.

Donc c’est décidé, je rentre et je télécharge mon livre pour l’entamer sur mon trajet de retour. Je vais nourrir mon esprit avec de la nouveauté et laisser mon ventre au repos.

Le temps d’écrire ces quelques lignes, l’envie est passée comme elle était venue, et je ne m’en porte pas plus mal. Vu la constellation de points de vente divers sur mon chemin, je réalise qu’il va falloir faire le ménage avec tous ces souvenirs de bouffe qui ont tendance à se présenter spontanément comme des pubs dans la rue, sur internet ou dans la boîte mail. Mon cerveau m’envoie des pubs auto-suggérées.

La « bouffe » occupait visiblement une place dingue dans ma vie jusqu’à présent et mon nouveau cap se heurte à ces souvenirs. Ça passera avec le temps.

Je ne suis pas inquiet et je suis stupéfait de constater à quel point toute cette affaire est mentale. Ces réflexes, ces envies, ces souvenirs. La tentation de répéter, de se rassurer, de retrouver un certain confort. La bonne nouvelle, c’est que ça se résout donc aussi par la réflexion.

Il n’y a pas un problème de surpoids, mais plusieurs empilés les uns sur les autres, à différents niveaux – physique, psychologique et affectif. La tentation peut arriver de plusieurs endroits, parfois de façon isolée, parfois de partout en même temps. C’est vraiment un traquenard à déjouer.

Maintenant, je suis plus serein, plus zen, plus mesuré, et je les vois arriver de loin. Et comme je me suis libéré de mes addictions depuis longtemps, je sais dire stop.

En plus, l’idée d’économiser des sous et de moins engraisser une société américaine qui sert des repas nocifs et paye chichement ses employés n’est pas pour me déplaire. #malbouffe