On m’offre du popcorn

On m’offre du popcorn

Il y a des changements inattendus. Je ne pensais vraiment pas que ça se matérialiserait comme ça. Mais une fois certaines habitudes prises, certains efforts faits, il y a désormais des choses qui se font naturellement. Sans aucun effort.

Ce soir, alors que je choisissais longuement mon deuxième film de la soirée au cinéma, une jeune femme est venue me proposer du pop corn. Elle sortait d’une séance avec une amie, avec un gros paquet de pop-corn qu’elle avait à moitié consommé et refermé en pliant les bords en carton.

En écrivant ces lignes, je réalise que je connais le goût de ce popcorn, servi au comptoir à l’intérieur du cinéma, qui est assez bon, mais c’est là que ça devient intéressant.

D’habitude, dès que je pense à des aliments, j’ai aussitôt un goût qui se rappelle à moi. Quand je fais la queue dans ce même cinéma pour acheter du popcorn, j’ai déjà la référence en tête et dans la bouche. L’acte d’achat, c’est pour retrouver un goût qu’on connait déjà. D’ailleurs, si le pop corn est moins bon ce soir-là, ou pas frais, s’il est resté trop longtemps dans le bac, on sent la différence. Pareil pour les glaces, si un jour la chaîne du froid n’a pas été respectée, le goût de la glace ayant fondu avant d’être re-congelée est différent, la texture aussi.

Quand la personne m’a proposé son popcorn, j’ai aussitôt décliné et expliquant que je ne dois pas manger le soir. Elle a très bien compris et n’a pas insisté. Ce qui me frappe, c’est que mon refus poli est sorti tout seul, sans passer ni par le cerveau, ni par l’estomac. C’est devenu un réflexe. J’aurais très bien pu l’accepter et le garder pour plus tard. Qui refuse du popcorn gratuit, n’est-ce pas?

Mais la nouveauté, c’est que je n’en ai même pas eu envie. Ne pas faire la démarche d’en acheter au comptoir du cinéma, c’est une chose. Mais refuser un cadeau? Là, sous le nez, y’a plus qu’à tendre la main? Eh bien, la main n’a même pas bougé, le ventre n’a rien dit, je n’ai même pas salivé ni ressenti le goût du pop corn.

Ni le popcorn ni aucun autre aliment n’était au programme ce soir. Même une offrande directe n’a rien changé. Et ça, c’est un vrai changement de comportement. Il y a six mois, j’aurais accepté ce même popcorn sans me poser de questions et commencé à le déguster immédiatement.

Qui refuse du popcorn? Ben… moi.